Sinclair Lewis est né en 1885 dans le Minnesota . Chef de file de l’école réaliste américaine, il connaît un grand succès aux Etats-Unis avec le roman Main Street en 1920 puis avec Babbitt en 1922. En 1930 il est le premier écrivain américain à recevoir le prix Nobel de littérature.
Le roman a été un tel succès que le nom « Babbitt » est devenu aux Etats-Unis un nom commun pour
désigner l’américain conformiste.
Le roman commence en 1920, à Zenith ville moyenne du Middle West en plein développement.
Babbitt a 46 ans, il est marié et père de 2 enfants. Il a réussi dans les affaires, et il est fier de compter
parmi les notables et de participer au développement de la ville. Le modèle capitaliste est en plein essor
Babbitt en est le représentant. Il montre qu’il a de l’argent, il a une automobile, une belle maison et il y
reçoit avec faste ses amis et relations.
Il pense mériter sa réussite parce qu’il est plus intelligent que les autres et qu’il travaille beaucoup, sauf que ce travail qu’il aime pourtant beaucoup ne suffit plus à son épanouissement et la vie bourgeoise qu’il mène l’ennuie. Il lui manque quelque chose pour être heureux. Et la nuit il rêve d’une fée avec qui il
s’évade. Ce côté poétique du personnage fait qu’on s’attache tout de suite à lui et on se doute qu’il ne va
pas être tout à fait ce qu’il paraît.
Avec Babbitt on vit à Zenith en ce début du 20ème siècle comme si on y était grâce aux descriptions
détaillées de la ville et de ses habitants. On voit les comportements de la société bourgeoise
conventionnelle de l’époque où tout est bien organisé et où il y a des règles précises à suivre pour être
intégré. A travers Babbitt l’auteur traite tous les sujets que ce soit le travail, l’éducation, la justice, la
publicité ou la religion. Il nous démontre comment les gens ont adhéré totalement aux injonctions du
système capitaliste. Babbitt persuadé que le système est bon défend ce système mais en même temps il se
pose la question centrale du roman, celle de la liberté individuelle .
Il fait des tentatives pour se détacher de ses obligations sociales et morales qui ne seront pas
convaincantes.
De façon très fine, avec ironie et humour , sans parti pris apparent, c’est à l’occasion de situations banales
que l’auteur dénonce un système qui peut mener au meilleur ou au pire.
Pour exemple, ce passage :
« A la même heure dans la ville de Zenith, Horace faisait la cour à Lucile, ils revenaient d’une conférence
donnée par un éminent romancier anglais, .......
A la même heure, à Zenith, un trafiquant de cocaïne et une prostituée buvaient des cocktails dans le bar de
Healey Hanson.....
A la même heure, à Zenith, deux hommes se tenaient dans un laboratoire. Depuis trente sept heures ils
travaillaient à un rapport exposant leurs recherches sur la synthèse du caoutchouc.
A la même heure, à Zenith, avait lieu une conférence entre quatre chefs de syndicats pour décider si les
douze mille mineurs qui travaillaient dans un rayon de cent milles autour de la ville, devaient se mettre en
grève.
A la même heure, mourait un vétéran de la Grande Armée de la République. Il était venu tout droit de la
guerre civile dans une ferme qui, bien qu’officiellement comprise dans les limites de Zenith, était
primitive comme la forêt vierge. Il n’était jamais monté dans une auto, n’avait jamais vu une baignoire,
jamais lu autre chose que la Bible et les brochures religieuses de Mac Guffey ; il croyait que la terre était
plate, que les anglais sont les dix tribus perdues d’Israël , et les Etats-Unis une démocratie. »
Ce livre écrit en 1922 a le mérite de faire vivre au lecteur une page d’histoire des Etats Unis.
On réfléchit à ce qu’a pu être le modèle de « l’american way of life » ce qu’il a apporté et surtout on
partage le sentiment de Babbitt d’être coincé par ce système. Faut-il renoncer à sa liberté pour vivre en
paix ?
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